Groupage : la traction ne compte que pour un seul envoi

Le CNR, Comité National Routier, a mis à jour une étude qu’il avait faite au début des années 2010 sur les écarts de rémunération, de charges et de productivité des conducteurs entre les différents pays européens. Et les chiffres sont impitoyables : en 2016, un conducteur français coûte en moyenne 29,81€ l’heure de conduite, alors que son homologue bulgare ne coûté que … 8,01€. Tel est le résultat d’une étude complète et particulièrement bien détaillée diffusée par le CNR et réalisée par Benjamin Leo. Ce dernier ne manque d’ailleurs pas de souligner que « que ce facteur de production (coût à l’heure de conduite) est généralement le plus important dans le TRM et le seul véritablement différenciant d’après les études complètes du CNR qui abordent tous les facteurs de production. »

Seule le conducteur belge se situe derrière le conducteur français avec un coût de 33,38€. Si la France est évidemment nettement distancé par les Pays de l’Est (9,02€ en Roumanie, 10,01€ en Pologne ou 10,24€ en Tchéquie), elle l’est également par ses voisins les plus proches comme l’Allemagne (25,13€ dans les länder de l’Ouest et 16,64 à l’Est), l’Espagne (19,52€), l’Italie (28,14€). Il manque malheureusement à ce panorama des chiffres sur les Pays-Bas et la Grande-Bretagne.

Les raisons de ce manque de compétitivité sont triples :

- On a d’abord un taux de rémunération horaire assez élevé. Avec 29736€/an en moyenne pour un conducteur longue distance, le conducteur français est proche d’un conducteur italien (29294€) allemand ou blege (un peu plus de 31000€). Il est évidemment très loin de ce qui se pratique en Bulgarie (3636€), Roumanie (5143€) ou Lituanie (5760€). A noter quand même que dans ces pays où les revenus salariaux sont très faibles, les indemnités de déplacement sont nettement plus élevées (8780€/an en moyenne en France contre 11550€ en Bulgarie et Roumanie et aux alentours de 11000€ en Pologne et Tchéquie). Problèmes majeurs : les indemnités sont aléatoires d’un mois sur l’autre pour le conducteur et ne sont pas soumis à cotisations sociales.

- On a un taux de charges en France assez élevé (46,6%), mais qui, en tenant comptes des mécanismes d’allègement Fillon, se situent dans une bonne moyenne (30,7%), proches de ce qu’on trouve en Hongrie et Portugal (28,5%). Les champions en la matière sont les belges avec 51,6 %. En Bulgarie on est à 18,5 %, en Roumanie à 22,8 % et en Pologne à 20,5 %.

- Enfin, le conducteur français est handicapé par une productivité très faible. Ce problème trouve son origine dans le particularisme de la réglementation sociale français qui, incluant le temps de disponibilité dans le temps de travail (service), réduit d’autant la capacité d’un conducteur à conduire quotidiennement. « L’impact sur le volume de production est déterminant, précise l’étude du CNR. Dans la majorité des pays européens les conducteurs conduisent 29 % de plus qu’un Français. » Il ressort des études du CNR que « le temps de conduite annuel est souvent proche de 1980 heures. En effet, ceci représente une maximisation de la conduite à 45 heures en moyenne par

semaine pendant les périodes de travail effectif du conducteur. » Mais en France, on est à seulement à 1540h (1672h en Belgique et 1806 en Allemagne de l’Ouest).